lundi 23 septembre 2013

Vers l'inconnu


En voyant la photo ci-dessus ce matin je n'ai pu m'empêcher de faire le lien entre la toile de fond, la scène de devant et le départ de plus en plus de Vénézuéliens qui, motivés par l'envie d'une construction d'avenir se sont décidés à quitter leur pays. Je n'ai pu éviter de penser aux milliers de diplômés qui depuis 2002 ont commencé à émigrer, fuyant un régime où l'exclusion et le paroxysme se font de plus en plus présents. Un régime qui prétend consolider l'indépendance économique en hypothéquant les ressources nationales à la Chine..., ou à la Russie  tout en prônant l'anti-impérialisme. 

C'est un fait bien connu que depuis 2006 l'émigration des Vénézuéliens se fait en masse. Le professeur Ivan de la Vega [http://usbnoticias.info/post/18005] calculait que, pour l'année 2010, 800.000 scientifiques et Vénézuéliens diplômés avaient quitté le pays [Voir également son article "Emigración intelectual en Venezuela, el caso de la ciencia y la tecnología", INCI [online]. 2003, vol.28, n.5 [citado  2013-09-23], pp. 259-267 . URL: http://www.scielo.org.ve/scielo.php?pid=S0378-18442003000500003&script=sci_arttext ]. 


Ce chiffre paraît surprenant et cependant, si nous considérons l'augmentation considérable (50%) du nombre de Vénézuéliens inscrits dans les Registres consulaires lors des dernières élections (7 octobre 2012 et 14 avril 2013) [Voir en ce sens l'article de presse du journal El Universal: http://www.eluniversal.com/nacional-y-politica/elecciones-2012/121007/100495-venezolanos-votan-en-el-extranjero], il s'en suit que ces estimations n'ont rien d'insensées ou de sensationnalistes ; comme le prétendent certaines factions adeptes au régime.

C'est bien connu également, le phénomène du culte au héros national des Vénézuéliens. Néanmoins, bien avant la mort d'Hugo Chavez ce phénomène a pris des dimensions démesurées: [Voir l'article de http://www.noticias24.com/venezuela/noticia/159912/entre-la-adoracion-el-sueno-de-un-milagro-y-la-critica-el-culto-a-chavez-abre-el-debate-fotos/]



Photo Vanesa Navas, Noticias 24

Au moment de la dénonciation de la fraude électorale, flagrante lors des élections du 14 avril 2013, quelqu'un avait fait circuler sur facebook le récit de sa visite au Cuartel de la montaña (la Caserne de la montagne), lieu du culte voué par les chavistas au "Commandant suprême" disparu. Ce récit, tout à fait surréaliste, correspond pourtant à une image bien réelle de ce que se vit au Venezuela. Le culte du Commandant dépasse largement le culte bolivarien. Chavez, adorateur de Bolivar, est en train de remplacer l'idéal national construit autour de la figure du Libertador et une nouvelle histoire du Venezuela est en train de prendre forme, dictée par les passions et la rancune. Mais cela ne me surprend pas d'un pays où 60% de la population, voire plus, se livre à ce genre des pratiques qui relèvent de la santeria. Dès l'auto-putsch de 2002, j'avais remarqué la présence, dans plusieurs foyers vénézuéliens des photos idolâtriques d'Hugo Chavez posées sur des espèces d'autels. Elles se vendaient comme des petits pains dans les stands des buhoneros (vendeurs ambulants) et, sur certaines de ces images, la figure du Comandante était représentée entourée une auréole de sainteté. Cela ne me surprend pas, certes. Cela me désole, me chagrine et me déçois, car je repense sans cesse à la bataille titanesque à laquelle s'étaient livrés les héros de l'Indépendance (Francisco de Miranda, Andrés Bello, Simon Rodriguez, Juan German Roscio, Antonio José de Sucre, Bolivar lui-même et tant d'autres...) contre la superstition et les pratiques païennes. Je me rends compte que cette lutte est sans espoir, car ces pratiques sont profondément ancrées dans la mentalité vénézuélienne. Ce qui est alarment, en revanche, c'est que l’instrumentalisation que les nouvelles élites politiques vénézuéliennes en ont fait ; et la manière dont ces pratiques passent inaperçues lorsque les défenseurs de la révolution bolivarienne qui se veut démocratique, respectueuse de la dignité des citoyens et de l'état de droit, prennent la parole pour prêcher en faveur des actions de ce régime.

Plus surprenant encore le communiqué auquel j'ai eu droit ce matin: http://es.raelpress.org/news.php?item.219.1, car beaucoup de défenseurs de la cause palestinienne ne veulent pas entendre un mot de travers à l'égard de celui qu'ils considèrent comme un héros. Avec un peu de chance, la foule de fanatiques qui rend culte à ce héros réussira peut-être à le faire revenir en bafouant les lois de la nature, de la même manière qu'ils ont bafoué les lois de l'Etat vénézuélien. Bien entendu, c'est une rumeur qui n'a rien d'officielle et qui semble tirée par les cheveux mais qui raviverait l'espoir de grand nombre des Vénézuéliens adorateurs de leur Commandant.

Le Venezuela, plus que jamais divisé et dépourvu d'institutions, a du mal à trouver des repères raisonnables, dominé par la méfiance et la pénurie du quotidien. Les problèmes de ravitaillement d'énergie et d'aliments, persiste et l'administration Maduro, après 5 mois au pouvoir, n'y a apporté aucune solution concrète, de même qu'elle n'a rien fait contre le problème l'insécurité. [Voir en ce sens l'article du journal El Universal: http://www.eluniversal.com/nacional-y-politica/130922/colapso-total]. En revanche, Leocenis Garcia demeure en prison et deux de ses collègues se sont vus obligés à quitter le pays pour les Etats-Unis où ils ont demandé l'asile. La raison ? Avoir dévoilé une recherche autour des nouvelles fortunes issues du chavisme.

Ainsi, le Venezuela offre un paysage aux couleurs rougeâtres dont la composition est simple :

  • une nouvelle élite [les boliburgueses] qui contrôle l'économie et la rentrée des devises étrangères au Venezuela ; 
  • ceux qui ont su s'adapter aux nouvelles pratiques de survie (le marché noir, la spéculation avec les divises étrangères obtenues à travers CADIVI et les accords avec la banque privée, sans parlé du traffic d'armes et des drogues) ; puis, 
  • ceux qui n'y arrivent pas et qui, de ce fait, se trouvent inévitablement condamnés au paupérisme ou à l'exil.




mercredi 18 septembre 2013

Opinión y análisis 2011 - Adiós a la Casa Amarilla

Opinión y análisis 2011 - Adiós a la Casa Amarilla

Adiós a la Casa Amarilla: Article en espagnol qui parle des conditions dans lesquelles j'ai travaillé en 2011. Deux photos qui illustrent le propos du billet que j'ai publié sur le blog du pôle méthodes à mon retour. Archives diplomatiques. Venezuela, 2011