Cet extrait d'une publication de la documentation française de 1964 sur le Venezuela contribuera à appuyer mes dires et à démentir le mythe de la révolution bolivarienne.
Rien de plus dur que casser le mythe de la propagande politique quand celui-ci a été financé par les sommes extraordinaires rapportés par le pétrole. On notera qu'en 2005 le prix mondial du baril du pétrole a fait rentrer au Venezuela des sommes extraordinaires d'argent. La vérité c'est qu'aucune nouvelle infrastructure a été créé pour assurer ce droit à une population vénézuélienne croissante (8 millions à la fin des années 1950, 18 million d'habitants dans les années 1980, 22 millions dans les années 1990 et un peu plus de 27 million selon le recensement de 2011 !).
Certaines salles d'informatique ont été équipées, certes, mais un cas sur dix ne mérite pas, à mon sens, l'admiration qu'à réussi à soulever le mythe de la révolution bolivarienne... Les quelques institutions expropriées qui ont servi d'installations aux universités bolivariennes, les chiffres gonflés de diplômés et des personnes "alphabétisées" qui assuraient en réalité une clientèle électorale politique, auxquelles les quelques billets que le gouvernement leur assurait en s'inscrivant dans l'une des missions éducatives était un raison de plus pour appuyer le projet gouvernemental, ne sont pas, de mon point de vue, des véritables actions en faveur de la connaissance critique et de l'indépendance scientifique.
À presque un mois de la grève de la faim de la communauté universitaire - universités vieilles de plus de 300 ans, dont l'une, l'Université Centrale, déclarée patrimoine de l'humanité -, on entend à nouveau les médias cautionner le mensonge. Certains parlent d'universités semi-publiques... La diffusion de ces informations, tirées directement des porte-paroles d'un gouvernement illégitime, est honteuse pour la profession du journalisme.
Les universités du Venezuela, encore une fois, sont gratuites, publiques et autonomes. Les frais d'inscription de l'année sont purement symboliques (moins de 50 centimes d'euro dans tous les cas). Mon Alma Mater, l'Université des Andes, offre par ailleurs un service de RestoU entièrement gratuit depuis bien avant l'arrivée de Chavez au pouvoir.
Je pense que le Venezuela est l'un des rares pays, sinon le seul, où l'Etat assure tant des facilités pour l'éducation supérieure. Evidemment, l'augmentation exagérée de la population pendant les trente dernières années a mis en échec le système d'éducation publique. Les épreuves de sélection interne (car au Venezuela, le processus de sélection universitaire s'opère en amont à l'inscription) n'étaient certainement pas adaptées à une demande de plus en plus grandissante. Mais était-ce une raison pour que Chavez et son gouvernement condamnent à mort 4 décennies d'histoire académique de qualité ? Je ne le pense pas.
Encore une raison pour affirmer qu'il s'agit bel et bien d'un régime totalitaire, où la liberté de pensée est censurée car elle met en péril la façon dont le pays est dirigé et questionne la permanence des nouvelles élites au pouvoir.
L'évolution du système éducatif vénézuélien en chiffres (1955-1962) :
Tableau 44
Les
inscriptions
Branches
|
1956-1957
|
1961-1962
|
Augmentation %
|
Jardins
d’enfants et écoles primaires
|
694.193
|
1.297.965
|
87
|
Secondaire
|
52.420
|
122.311
|
133
|
Normale
|
7.697
|
32.434
|
321
|
Technique
|
17.021
|
49.602
|
191
|
Instituts
pédagogiques
|
322
|
2.536
|
687
|
Universités
|
8.434
|
29.205
|
231
|
Enseignement
pour adultes
|
20.000
|
36.000
|
80
|
Totaux
|
800.087
|
1570053
|
96
|
Graphique 1
Taux
de continuité des études primaires au Venezuela
Graphique 2
Taux de continuité des études secondaires au Venezuela
Graphique 4
Infrastructure éducative du Venezuela. Évolution entre 1957-1962
Pour une vision plus approfondie de l'histoire universitaire et de l'histoire sociale et institutionnelle de l'éducation secondaire, nous renvoyons aux articles suivants en langue espagnole :
Reinaldo Rojas, « Historia de la universidad en Venezuela »
[En ligne], Heuristica, N° 005,
Mérida, Universidad de Los Andes, SABER-ULA, 31 août 2007, URL : http://www.saber.ula.ve/handle/123456789/21037.
Suzuky Margarita Gomez,
« Historia social et institucional de la educación secundaria. El liceo
Andrés Bello de Caracas, 1925-1945 » [En ligne], Revista universitaria de investigación y diálogo académico, vol.
2, N° 1, 2006, URL : http://conhisremi.iuttol.edu.ve/pdf/ARTI000061.pdf.
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